samedi 13 avril 2013

Inspiration

Dans l'art il y a l'art et la manière. La manière est un truc, un tic, une habitude, un style, une méthode, une manie....Dans l'art il y a l'inspiration sauvage et la réalisation qui parfois se police un peu trop, parfois pas assez ! c'est alors abscons comme la lune dont on est sensé tirer son influx.
Parfois c'est l'inspiration qui est trop polie, trop jolie, trop assagie, trop intellectuelle. Elle devient une construction et plus un souffle. L'idéal c'est quand le souffle décoiffe, quand il se fait maelstrom, chergui, föhn, bourrasque, simoun, ouragan, tornade ou simple brise. Mais que ca remue de soi même, sans soufflerie gonflante.
Puis il y a la mise en plis, la mise en forme. Quand la forme trahit le fond l'art s'efface devant le labeur ou l'absence de talent. Quand la forme est tellement convenue qu'elle est un procédé, quand la forme est si travaillée qu'elle devient de l'artisanat, quand la forme se déforme, quand l'auteur n'y reconnait ni père ni mère, quand l'émotion ne passe plus, alors l'art est raté. Le lard est athée  le cochon est tâté ..mais là je délire ma parole, je dis vague et mens, je m'emporte autant dans le vent que dans la tempête en aout  et la caravane passe.
Quand on prend une toile (blanche) le choix qui s'offre est infini mais il n'y aura qu'une création. Trancher dans les possibles, dans le vif du sujet ou dans le mort autant ! Les choix sont cornéliens alors mieux vaut se retirer et laisser faire le vent, l'esprit et se laisser guider par ce souffle si dérangeant qui veut qu'on lui obéisse tout en se laissant délirer, dériver, déranger, décoiffer, se salir, se brouiller. Il vient alors, si on a de la chance et de l'inspiration, une clarté dans les ténèbres, une lueur au fond de la perdition et peu à peu une voie se crée, une voix se laisse entendre qui mène ou elle mène et il arrive qu'on assiste au miracle : ca marche...ca court, ca arrive quelque part, c'est une surprise, une joie, une peine, une tristesse aussi de n'être que si peu, d'avoir juste été inspirée, de n'y être que pour peu. Mais la toile est là, elle touche, elle parle, se raconte ou se contente d'exister intensément quand son auteur expire enfin...
Combien de déprimes, de vides, de creux, de désillusions, de déceptions, de mépris, de mal pris, de flagellation on traverse quand il ne se passe rien ! Rien de rien et on regrette tout, tout en calant, en vouant aux gémonies l'idée idiote de s'être un jour acheté des pinceaux, des couleurs avec l'arrogance d'en faire quelque chose...de beau ? de touchant ? de décoratif ? d'expressif ? d'artistique toc ? des heures, des jours, des mois ou rien ne se passe, ou tout est remis en cause, en questions sans réponses. Moi, j'en passe et des meilleurs comme des pires...je transpire ! j'exsude l'amertume de ma nullité en goutte à goutte centripète, je me vide de ma substance.
Et puis la crise s'épuise...en mars ca repart ! un nouveau vent de giboulées vient à nouveau me décoiffer. Et moi de sourire....aux anges et aux démons déments qui m'ont fait plier et continuer.

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